La femme et la baie
Sous un ciel mitigé, les vagues se sont retirées mettant à nu les rochers de la côte. Ebènes, massifs, durs … des milliers d’années d’érosion n’ont pu les transformer en néant. Ils étaient plantés là, outrageusement, ils s’imposaient à mon champ visuel. Mes yeux n’appréciaient guère ces restes telluriques enracinés dans le sable. Je préférais de loin, l’entendue bleue, au loin … injustement, trop loin. Même le soleil ne se délectait plus de ces cailloux, qu’il s’était déjà retiré de la baie.
Pierres ou pas, froid ou pas, l’air marin avait attiré bien des humains sur cette plage qui devrait être belle en des temps plus cléments. Des résidences de luxe, vides de toutes âmes qui vivent; jonchaient la falaise. Au loin, la statue d’Hitchcock aux oiseaux (supposés maléfiques) était devenue stérile de son pouvoir phobique. Au prés, des parents et des adultes, soucieux de leurs sommeils, épuisaient respectivement leurs progénitures et leurs canins à courir comme des dératés sur le sable.
Malgré toute cette activité, le silence régnait en maitre. Le calme était roi ... La quiétude était reine … les vagues évoquaient un vague souvenir, peut être un pays ou je suis née … Assis sur nos fessiers, on se laissait glisser, quelque part dans le bien être, sous l’effet anxiolytique de l'air marin.
DNR