Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kugelschreiber blog
24 mai 2008

Homme qui avait mal au testicule

Il était 3h du matin quand je fut tirée, contre mon gré, des bras de Morphée par le vibreur de mon portable. A l’autre bout du fil, une voie féminine qui s’assure de mon identité avant de s’excuser de m’avoir réveillé, c’était une interne des urgences. Elle enchaîna ensuite sur le problème. A demi endormie je tachais d’être concentrée, elle me narra l’histoire d’un gars qui venait pour une suspicion de torsion du testicule. Dans la lancée, je l’écoutais attentivement me racontant que le patient en question venait du CPN (centre psychiatrique de la ville), qu’il avait mal à sa glande, et que son chef des urgences lui a demandé d’appeler l’interne d’astreinte.

Sortie dans le froid, je me rendis compte que je n’avais plus peur dans les rues, cela me change des boulevard vides et inquiétants de casablanca. Pas un chat ni même un chien qui rode, pas l’ombre d’un SDF, il n’y avait qu’Eole et les lumières des lampadaires pour peupler boulevard Lobau à cette heure ci. En me dirigeant aux urgences, je me rendis compte soudainement que les histoires de glandes masculines n’étaient pas pour moi, pardis !! Une nuit ratée à cause d’un urgentiste qui me fait déplacer pour un sujet qui ne me concerne même pas !! La testiculogie ce n’est pas pour moi : je suis de garde en chirurgie générale, l’urologie ne fait pas partie des attribution de la CGUT chirurgie générale des urgences digestives et thoraciques (Eh oui j’ai troquée l’organe noble qu’est le cœur contre les boyaux et les poumons !!). Je décida néomoins de n’engueler personne et d’aller voir ce testicule qui semble souffrir.

3h 30, le QG des urgences étaient bondé de monde, le code de couleur et l’âge m’ont permis de distinguer qui était qui : les verts étaient des externes, les blancs des internes, les femmes plus âgées des infirmières, les hommes d’un certain âge les chefs des urgences. Je ne m’attardais pas à chercher l’interne qui m’a appelé, je leva la tête au tableau informatique qui surplombait le coté de chirurgie du QG, je scrupta à la recherche du mot testicule que je ne tarda pas à trouver, je suivi la ligne pour mémoriser le nom de patient vu que j’allai lui parler, et que fut ma surprise en lisant Franck. Ca ne faisait que 15 jours que j’étais en CGUT mais j‘avait déjà eu le loisir de m’occuper de Franck. Que dire de Franck ? ….Un jeune homme de 29ans, une grêle barbichette coiffait son menton. Il avait sur ce même menton une galette noire en guise de piercing, des perles argentées étaient disséminées ici et là dans son visage. Ces bras et membre inférieur droit étaient zebrés de tatouages. La peau de son avant bras droit m’avait longtemps intriguées, et ma sémiologie dermatologique en a pris un sérieux coup, alors que je pensais à des lésions dermo-épidemiques qui me rappelaient les nodules de l'érythème noueux il ne s’agissait que de trois boules d’aciers enfuient sous la peau !! Les mamelons de Patrick n’étaient pas en reste, des piercings les traversaient verticalement (oui ça doit faire mal). Quand il était de bonne humeur, il ornait ses oreilles d’anneaux en bois qu’il insérait contre le cartilage de ses oreilles comme les femmes des tribus africaines. Patrick avait un peu de l’attitude des rockers, pas vraiment rebelle et pas gothique non plus. Il était l’un de ces exclus mal dans sa peau, qui a été accepté par un groupe en marge, ce qui –paradoxalement- le rendra encore plus en marge de la société. Il avait tenté de mettre fin à ces jours en se plantant des coups de couteaux dans le thorax et le bide, résultat, un beau pneumothorax gauche pour le quel il a été admis au service. Je me rappelle même qu’il avait retiré son drain alors que j’étais d’astreinte de thoracique et je lui est remis un autre. Patrick avait la lucidité salutaire de reconnaître qu’il avait besoin d’aide et c’est ainsi qu’il atterrissa au CPN à sa demande.

Toujours est-il qu’il était très content de me revoir ce soir là aux urgences, ma présence le rassurait, et le fait de le connaître me faisait oublier que je n’avais pas à être là. Il me confia avec tout le désarroi du monde sa souffrance. Après avoir examiné ses bijoux de famille, j’ai conclu à une orchi-épididymite mais dans le doute je confia Patrick à l’interne d’urologie qui eu la même conclusion, les testicules de Patrick ne « courraient » plus de dangers.

Rassurée, j’abondonna Patrick entre de bonnes mains. Je décidai de ne pas rentrer chez moi, mais de retrouver Morphée dans la chambre de garde du service. Je ne su jamais si Patrick avait un piercing à la langue et je ne vu jamais son prince Albert alors qu’il est passé entre mes mains à deux reprises. Je n’exprimai pas de mécontentement du fait de m'avoir réveillé pour une affaire qui ne concernait nullement. Mais j’étais contente de revoir Patrick.

DNR

    25980091_p

pnt_g_post_drainage_P2

Pneumothorax gauche avant et prés le drainage, les piercings des mamelons visibles

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Wé tu sais (ce n'est certe pas une excuse) mpais quand tu n'as que 3mlin pour pondre un post et que tu as des malades qui attendent et des courriers qui s'entassent des scanners a voir tu ne te pose pas trop la question je mets ou pas un s ;) enfin tu es là pour corriger c'est déjà ça
Répondre
R
Je sais, je suis con de passer à coté de tout le contenu pour m'attarder sur une question bete d'orthographe ou de grammaire.. mais bon, je fais mon con avec application :) <br /> Il me semble que t'as omis d'ajouer plein de "i" à coté de tous les verbes du premier groupe que tu as conjugés à la premiere personne du singulier et au passé simple... :) <br /> <br /> RDB qui fait son correcteur ! <br /> <br /> Ps : sympa le blog , t'as gagné une place dans mes liens préferés !
Répondre
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 62 675
Publicité